Le serment implique la divinité Héra, citée à plusieurs reprises chez Platon. C - 13013 Marseille FranceVous pouvez également nous indiquer à l'aide du formulaire suivant les coordonnées de votre institution ou de votre bibliothèque afin que nous les contactions pour leur suggérer l’achat de ce livre. τὴν αὐτὴν ἔχει ΄ ἐν τῇ φύσει, αὑτῷ βεβαιοῦν, Figure 6 : Jean-Léon Gérôme, Phryné devant l’Aréopage, Hamburg Kunsthalle, 1861. νῦν ἐπὶ τόνδ ΄ La recension en signale l’apparition chez tous les orateurs sans exception et sur toute la période couverte par la source judiciaire. Voir encore And. 58.24, au sujet de l’adversaire Théocrinès : « Les lois n’avaient pas de secret pour lui (τοὐναντίον οὐδενὸς τῶν ἐν τοῖς νόµοις ἄπειρον). Plusieurs discours nous sont parvenus, comme le Contre Callimachos et le Trapézitique, rédigés à la fin du ve siècle et au début du ive siècle. 95 Voir, par exemple, Dém. ), Profession and Performance. t. n. οὐδενὸς χρηστοῦ. Démosthène vient d'évoquer l'habileté Καίτοι τίς ὁ 11Démosthène va encore plus loin dans son réquisitoire contre Eschine. Voilà ΄ ἐφ ΄ ἃ συμφέρει Entre jeu rhétorique et enjeux politiques, Lyon, Centre d’étude et de recherche sur l’Occident romain, 2015, p. 89-90. λόγους ἀνηλωκέναι 279 Eschine n'a jamais jugé à propos de me 1.92 : « Celui de tous nos tribunaux qui rend le plus scrupuleusement la justice. Discours, Paris, Les Belles Lettres, 1990, p. 62, n. 126). Pour ce faire, il use de la formule de véridicité. J.-C., a créé par néologisme le mot euidencia pour traduire ἐνάργεια. de ceux que la patrie aime et déteste. τινός: préférer qqch à La succession di Kiron, Pise, Edizioni ETS, 1998, p. 146. L’idée est d’insister sur le fait qu’il n’a jamais cherché à acquérir d’expérience dans l’art de la parole, au contraire de ses adversaires (§ 19). Or vous le savez tous, je suppose, les gens habiles qui font métier de sycophantes (δεινῶν καὶ συκοφαντεῖν ἐπιχειρούντων ἔργον) s’ingénient à rechercher et à découvrir les points où ils trouveront matière contre les accusés aux arguties de la sophistique (τοὺς παραλογισµούς). Voir Octave Navarre, Pierre Orsini (éd. 280 Je cit., p. 208, n. 17) qui évoque « the “my opponent is a skilled speaker” topos ». Ce dernier prévoit que Démosthène et Ctésiphon « vont faire de longs discours (πολὺν ποιήσονται λόγον)40 » pour répondre à son attaque selon laquelle Démosthène n’a été ni élu ni tiré au sort pour la charge d’inspecteur des fortifications, rôle pour lequel la récompense d’une couronne est mise aux voix. politique, l'ora­teur doit-il déployer sa véhémence 139 Johnstone, Disputes, p. 165, n. 107 : « The discourse of the courts was highly self-reflexive and critical. En outre, la non-fréquentation du monde judiciaire peut, sans être formulée explicitement, être mise en scène. ἰδίας ἔχθρας Comment référence à la bataille de Chéronée. 28En caractérisant leur discours comme bref, les orateurs cherchent à faire oublier leur propre présence. Outre Josiah Ober, qui montre à quel point il s’agit d’une fiction80, c’est Paulo Butti de Lima qui a produit une des études les plus approfondies à ce sujet : il affirme que le moyen principal par lequel un orateur peut présenter son discours comme véridique concerne son savoir rhétorique, qu’il s’attache, paradoxalement, à nier81. ἔμοιγε δοκεῖς Les actes d’Eschine sont évidents, comme il le répétera par la suite : « les faits eux-mêmes » (αὐτῶν τῶν πραγµάτων) sont ce qui rend une affirmation « éclatante » (λαµπρόν)21. » Voir aussi p. 149 et William Wyse (éd. pour aucune faute privée), ni dans l'intérêt de pour une affaire publique de soutenir sa colère ou sa haine ou [2.46] ; [5.4] ; [9.39] ; Lys. οὐδ ΄ ὁ τόνος ), Isocrate. Carey et Reid résument bien, en quelques lignes, la cohérence des motifs entre eux : voir Christopher Carey, Robert A. Reid (éd. (3ème pers pl présent : ἴσασιν) Ces derniers sont mentionnés comme procédant de l’évidence des faits. Ces occurrences témoignent du fait que cette accusation devait se trouver dans les discours perdus. Josiah Ober note ainsi que les juges athéniens étaient souvent mis en garde par un orateur contre l’éloquence de la partie adverse91. réclamer que; croire que. Pour une déconstruction de l’argument, voir p. 163-172. Selon lui, la justice repose sur les lois, les juges et l’accusateur, ce qui lui permet de mettre en avant l’importance de l’accusateur pour le bien de la cité (§ 3-6). 11 Johnstone, Disputes, p. 89 : « A schizophrenic theory […] Litigants strained to make the veil of their own language seem as sheer as possible. ), Lysias. λόγων ἐπίδειξίν Le rapport est alors complètement inversé : ce n’est plus le plaignant qui est à l’origine de l’action en justice, mais les faits, et l’accusateur est relégué au rôle de simple témoin, une sorte d’instrument sans volonté propre. Colin y voit un « éloge », pensant qu’Hypéride « évite avec soin d’attaquer Lycurgue », sans percevoir la critique implicite qui y réside : voir Gaston Colin (éd. 131 Les deux alternatives sont déjà notées dans Nick R. E. Fisher (éd. 43Ariston prend soin de dire qu’il ne connaît pas ces procédures et s’est renseigné spécialement pour le cas : il n’est pas expérimenté. Dans le Contre Ctésiphon, il emmène en imagination les juges à Thèbes (§ 157) et dans la Stoa Poikilè (§ 186). bataille, es parti en ambassade vers Philippe, l'auteur de tous les Il va même plus loin : « Pourtant, je vous le dis, l’auteur de mon discours, c’est Midias129. Ce sont ainsi les faits « eux-mêmes », et non pas les orateurs, qui doivent convaincre les juges. Voir aussi Robert Flacelière, La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, Paris, Hachette, 1959, p. 296-297. Sur le problème que posent les récits des faits anciens, dits « mythes », voir le chapitre « L’appel au témoignage des juges », p. 249-252. κίνδυνον ἑαυτῇ, οὐδ ΄ ὁ τόνος Au contraire, c'est ce que je fais, moi (le vois-tu ?) en ce domaine (1) , vous trouverez tous que, dans les affaires Une autre métaphore maritime au sujet des digressions se trouve néanmoins chez Platon et confirme l’idée : Hippias conseille à Protagoras de « ne pas aller, tous agrès tendus et toute voile au vent, fuir vers la haute mer des discours, hors de la vue de la terre ferme » (Platon, Protagoras, 338a5-7). ταῦτ ΄ ἀρνούμενος Dinarque, l’un des accusateurs de Démosthène dans l’affaire d’Harpale, affirme à la toute fin du discours que son adversaire « compte sur sa grande capacité à parler » (ὃς µέγα φρονεῖ ἐπὶ τῷ δύνασθαι λέγειν) pour abuser les juges92. Ἀλλ ΄ (ὁρᾷς ; ) ἐγώ 94 Dém. 61Dans le passage cité de l’Apologie, Socrate insiste ensuite sur son manque de technique rhétorique, en employant ἀτεχνῶς, un terme qui est apparu très fréquemment dans les passages tirés des discours judiciaires. 176 Le même procédé semble d’ailleurs à l’œuvre avec Platon en tant qu’auteur des dialogues : voir Patrice Loraux, « L’art platonicien d’avoir l’air d’écrire », dans Marcel Detienne (dir. cit., p. 95-97. Tableau 47 : Évocations par les orateurs de la fréquentation des tribunaux. Démosthène déploie ces idées de façon pertinente, puisqu’il a tout juste l’âge requis pour porter l’affaire en justice. maintenant, à propos d'une couronne et de quelques éloges 18.276-277 ; 21.191 ; 32.31-32 ; Lyc. ; (…). (ὁ) (ταὐτά = τὰ αὐτά 45Il arrive, dans quelques cas, que les orateurs expliquent avoir pris la parole pour défendre la cité (tableau 48)131. Pourtant, son talent oratoire est tellement éminent qu’il est allé jusqu’à inventer une situation fictive de procès pour louer sa capacité à faire des discours, dans le Sur l’échange : après avoir eu à se défendre contre un certain Mégacleidès dans la procédure d’échange (ἀντίδοσις*), Isocrate se rend compte qu’il pourrait défendre sa vie et sa méthode et crée de toutes pièces la simulation selon laquelle Lysimachos, personnage fictif, l’accuse de corrompre la jeunesse et de s’enrichir grâce à la rhétorique. » La frase, comunque sia stata detta, piacque ed a ragione ; piac-que pure a Skhantien Chamfort, il quale lasciò scritto: in. 1.161. Le philosophe ajoute alors, fait très intéressant, la raison pour laquelle il souhaite des réponses succinctes : Veuille resserrer tes réponses et les faire aussi courtes que possible, afin que je puisse te suivre (σύντεµνέ µοι τὰς ἀποκρίσεις καὶ βραχυτέρας ποίει, εἰ µέλλω σοι ἕπεσθαι)66. οὐδενὸς λαβεῖν λαβεῖν : prendre châtiment son cœur, ou, s'il ne peut faire autrement, il faut qu'il sache κἀγαθός : "beau et Œuvres complètes, VIII-2 : Théétète, Paris, Les Belles Lettres, 1976 [1926], p. 136-137. 50Dans la réplique, à savoir le deuxième discours Contre Aphobos, Démosthène n’hésite pas à signaler ses erreurs dans le suivi de la procédure, notamment le fait qu’il n’a pas de témoin pour appuyer un point car il ne connaît pas bien le fonctionnement des procès (§ 2)147 : il n’avait pas imaginé que la dette acquittée par son grand-père serait évoquée et se dit pris de court. 5 Carlos Lévy, Laurent Pernot, « Phryné dévoilée », dans Carlos Lévy, Laurent Pernot (dir. Celle-ci est confirmée dans la requête qu’Euxithéos adresse aux juges : Ce que je vous demande, c’est d’abord, si je me trompe dans mon langage (τῇ γλώσσῃ ἁµάρτω), de me le pardonner et de l’imputer à mon inexpérience (ἀπειρίᾳ), non à une faute (ἀδικίᾳ) ; c’est ensuite, si je parle avec justesse, de voir là un effet de la vérité (ἀληθείᾳ), non de l’habileté (δεινότητι)88. C’est grâce à son habitude des procès qu’il est capable de dissimuler la vérité pour obtenir gain de cause. 147 Voir aussi Dém. ἀλλὰ καὶ εἴ οὐδὲν τῶν τοιούτων Une telle récurrence a conduit certains commentateurs à n’y voir qu’un cliché33, mais cette interprétation ne peut épuiser les explications à donner au motif, ainsi qu’en témoigne Eschine, qui a le plus développé le thème34. 277 publiques, on a reconnu que cette habileté a toujours agi dans οὐκ ἐπὶ τῆς αὐτῆς Ce contre-exemple, loin de diminuer l’hypothèse générale, montre que, lorsque l’habileté à tenir un discours est notoire, le plaignant doit recourir à une autre argumentation pour corriger ce trait négatif – c’est-à-dire, ironiquement, utiliser une certaine technicité rhétorique. αὑτῷ βεβαιοῦν, Peux-tu vraiment le dire, toi qui, aussitôt après la 17 Gagarin (éd. τις ἐμπειρία Mais ce n'est pas l'éloquence de Elle ne se comprend que comme une construction reposant sur la dévalorisation de la longueur du discours dans la transmission des informations. τῶν ἐν ἐκείνοις bon", modèle, parfait, idéal, recommandable, εἰσ-έρχομαι Dodds précise d’ailleurs que, dans ces deux passages, la concision (συντοµία) de Protagoras et de Gorgias consiste en la manière de transmettre des informations et non pas dans le moyen de les acquérir par l’enquête philosophique64. L’orateur s’est effacé. 141 Ibid., p. 203-204 : « Athenian oratory is meta-discursive and self-conscious. 62Que ce soit vis-à-vis de l’inexpérience ou de l’inhabileté à parler, Socrate utilise les orateurs comme miroir de la pratique philosophique. [2.Δ.1], [3.Γ.3] ; 5.3, 72 ; Dém. Ce que voient les historiens, Paris, Gallimard, 2007 [2005], p. 12, qui synthétise le développement de Barbara Cassin. Puis, après vous avoir entraînés loin de sa fraude (ἀπό) et vous avoir suspendus à ces espoirs, le voilà qui prend son élan et propose un décret aux fins de nommer des ambassadeurs qui iront à Erétrie… […] [Pour prouver] que je dis vrai (ὅτι δ’ ἀληθῆ λέγω), supprime le brouhaha et les trières et les fanfaronnades (τὸν κόµπον καὶ τὰς τριήρεις καὶ τὴν ἀλαζονείαν), et lis en insistant sur la perte que vous a subrepticement infligée cet homme infâme et impie37. Il est ainsi à même de qualifier la mètis, intelligence polymorphe et polyvalente, et plus généralement toutes les attitudes, tous les comportements qui recourent à l’illusion trompeuse. Dans cette mise en scène imaginaire, les digressions tiennent le premier rôle : Figurez-vous Démosthène une fois rentré chez lui, faisant la roue au milieu de ses jeunes disciples et racontant avec quelle adresse il a dérobé (ὑφείλετο) la cause aux juges. Supporting Speakers in the Court of Classical Athens, Historia Einzelschriften, 147, 2000, p. 47-48) explique qu’il s’agit en fait de synégores* (plus précisément Mnason, Liparos et Pythion). 67La seule exception notable à ce schéma bien réglé est Isocrate, dont les propos sont souvent venus contredire les différents motifs soumis à l’analyse. πράως καὶ μετρίως Pour cela, le thème de l’évidence des faits est un précieux secours : la digression est critiquée comme ce qui permet de cacher la vérité et les développements du discours sont perçus comme ce qui éloigne les juges des événements réels31. cité, p. 24), qui souligne le terme φανεράν, rendu par Poirier à travers l’expression de vérité « claire », en le traduisant par vérité « évidente ». cit., p. 16) qui explique que Lysias se dit inexpérimenté « alors qu’il n’était plus tout à fait un jeune homme » pour y voir un « artifice rhétorique […] guère contestable ». Quand, sous le coup d’une accusation injuste, j’ai dû souffrir dans ma personne un traitement humiliant, je n’ai pu m’aider d’aucune expérience (ἐµπειρία) ; et quand il me faudrait obtenir mon salut avec l’aide de la vérité, en exposant ce qui s’est passé, je suis victime de mon incapacité dans l’art de la parole (τοῦ λέγειν ἀδυναµία)87. ἂ φρονεῖ ; Τῷ (5) 187 Ehrenberg, « Polypragmosyne… », art. εὐθέως μετὰ 18.276. Au contraire, quand il arrive auprès d’Hermès dans La Paix, Trygée se présente comme n’étant ni sycophante ni épris d’affaires (οὐ συκοφάντης οὐδ’ ἐραστὴς πραγµάτων)183. Le discours s’achève au § 114. Chez Dinarque, il s’agit de relier les faits à la vérité (ἀληθεία) qui est elle aussi présentée comme s’étant tenue devant l’auditoire. Jugées frauduleuses, ces différentes manœuvres rhétoriques ont surtout été analysées d’un point de vue formel, ainsi l’interdiction des digressions. 19 Sur l’importance de la clarté, voir la partie intitulée « La trasparenza del discorso » dans Diego Lanza, Lingua e discorso nell’Atene delle professioni, Naples, Liguori, 1979, p. 42-49. πρὸς ἔμ ΄ αὐτὸν 42 Il est également possible que Démosthène ait effacé ce point dans son discours au cours de la rédaction pour la publication, mais cette probabilité est trop hypothétique pour servir de base à l’analyse. 278. On n’est pas dans la vision, au premier sens, mais dans le comme si de la vision, puisque tout le travail consiste, comme le précise Plutarque, à transformer l’auditeur en spectateur7 ». L’originalité de l’adversaire de Démosthène vient à nouveau des métaphores qu’il emploie. prononce-t-il de justes imprécations? μηδ ΄ ἰδίου), Au cours de ce discours, Isocrate se conforme au motif de « l’inexpérience des procès (τὴν ἀπειρίαν τῶν τοιούτων ἀγώνων)153 ». Quelles sont les caractéristiques qui permettent aux plaignants d’affirmer que leurs paroles sont véridiques9 ? 35 Esch. Quand, accusé d’impiété, il est forcé de comparaître au tribunal, il demande à s’exprimer comme il en a l’habitude dans sa vie quotidienne : Car, sachez-le bien, c’est la première fois aujourd’hui que je comparais devant un tribunal ; or j’ai soixante-dix ans. SA. Philosophie et rhétorique antiques, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 6. Malgré tout ce que nous venions de traverser, je me sentais encore plus amoureux d'elle et je voulais la soutenir à tout prix. 32Le plaignant souligne à deux reprises manquer à la fois de la capacité (δύναµις) à bien parler et de l’expérience (ἐµπειρία) des procès. (τοσουτουσί 60Socrate souscrit donc aux thèmes de l’inexpérience et de l’incompétence. Ces questionnements signalent la dimension réflexive des paroles des orateurs : les plaignants, à travers les plaidoiries qui nous sont parvenues, parlent d’eux-mêmes. cit., p. 25-26. Il se présente comme n’ayant jamais été inculpé, ce qui l’a préservé d’aller au tribunal, et ce malgré son âge avancé, précision qui renforce l’argument. L’explication réside peut-être dans la position adoptée par Isocrate, centrée sur les discours d’apparat plutôt que sur les discours judiciaires. Il prône la juste mesure entre concision et précision dans Isocr. de jalousie et de bassesse d'âme, non pas de quelque sentiment ΄ ὑπὲρ αὑτοῦ, 14L’opposition entre évidence des faits et digression paraît si bien établie qu’elle en nourrit une sorte de parabole : la description d’un tableau vivant est probablement beaucoup plus utile pour convaincre les juges que le simple fait de dire que Démosthène ne s’en tient pas aux points de l’affaire en cours. δικαίως οὐδ αὑτῷ Αἰσχίνη, τίμιον, 126 Voir, par exemple, les scènes où apparaissent des sycophantes dans Les Acharniens (v. 818-835), Les Oiseaux (v. 1410-1469) et Ploutos (v. 850-958). 31.8 ; 45.2 ; Is. Les plaignants peuvent même aller plus loin dans la critique, ainsi Diodore qui, après avoir évoqué les « inventions et digressions » (πλάττων καὶ παράγων) d’Androtion (§ 4), parle de son adversaire comme d’un « maître de la parole (τεχνίτης τοῦ λέγειν)94 ». accusation concernant une couronne et un éloge, y consacrer un traîtres et les mauvais conseillers, Traduction Le même précédé est identifiable chez Lysias dans le Contre Ératosthène, un de ses premiers discours, au début duquel il évoque à la fois son manque d’expérience et d’habileté et son absence de fréquentation des procès (§ 3). 4De ce point de vue, plusieurs stratégies oratoires peuvent être dégagées qui, comme dans le cas idéal de l’exposition de Phryné, visent à exposer les faits visuellement plutôt que par le langage, ainsi que le formule Eschine dans le Contre Timarque : « Ici, que ce ne soit pas, je vous le demande, un simple récit (λόγος) que je vous fais, figurez-vous plutôt que le débat se passe sous vos yeux10. (3) N'est-ce pas sur un tel homme? cit., p. 147, et notamment Lene Rubinstein, « The Athenian political perception of the idiotes », dans Paul A. Cartledge, Paul Millett, Sitta von Reden (dir. : risquer, courir un danger (τι κινδυνεύεται Le passage fait le lien entre cette habileté et la tromperie : celui qui a du talent pour concevoir des plaidoiries peut s’en servir pour égarer les juges et obtenir, malgré les faits, un verdict favorable. 40L’argumentation est similaire dans le discours Pour Euxénippe, dans lequel le synégore, Hypéride lui-même, précise que l’adversaire, Polyeucte, a dénoncé l’appel effectué par Euxénippe à plusieurs synégores (§ 11)109. Une telle réflexivité donne ainsi l’occasion aux orateurs d’ajouter un nouvel élément pour enrichir le dispositif de vérité. 47Les historiens ont déjà noté l’écho entre la mise en cause du talent oratoire et de la participation aux affaires judiciaires et le blâme des professionnels de la parole et des procès que sont les sophistes et les sycophantes137. ὀργὴν οὔτε τὴν : être citoyen; administrer l'état; être un homme Κατὰ Κτησιφῶντος. Ces appositions apparaissent également dans d’autres corpus123. VULAINES (1989) EST UN TRAVAIL QUI CONFRONTE DES IMAGES DE LA RÉALITÉ INTIME DE LA MAISON DE FAMILLE : LITS PHOTOGRAPHIÉS À HAUTEUR D’ENFANT, TAPISSERIES, PAPIERS PEINTS DÉCOLORÉS ET DÉTAILS AGRANDIS DE PHOTOS DE L’ARTISTE ET DE … La suite oppose la brièveté (συντοµώτερον) à la clarté (σαφέστερον). 3.12 (col. XXVI). Dans le discours Sur l’échange toujours, il décrit le premier, correspondant implicitement à Isocrate lui-même, en l’opposant au second, les individus spécialisés dans les procès. Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. ), Pseudo-Aristote. 1.41 ; 8.12, 27 ; Isocr. Pour la date, voir la bibliographie donnée dans Gianfranco Bartolini, Iperide. C’est notamment la défense adoptée par Lycophron dans le plaidoyer rédigé par Hypéride : Pour moi, juges, j’ai passé parmi vous ma vie entière à Athènes ; pourtant jamais encore je n’ai encouru aucune accusation compromettante, ni porté de plainte contre aucun citoyen ; je n’ai eu à soutenir aucun procès, et je n’en ai intenté à personne101. cit., p. 114. ), The Cambridge Companion to Ancient Greek Law, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 118-121. Pourtant, contrairement à l’affirmation d’Eschine, les digressions annoncées n’apparaissent pas dans le discours Sur la couronne41. Il ne s’agit pas tant de dévoiler rapidement un fait que d’en montrer tous les aspects. Voir aussi Isocr. 160 Suzanne Saïd, Monique Trédé, Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Paris, PUF, 1997, p. 252. Voir aussi Brun, Démosthène…, op. καὶ ἀγαθοῦ ἐναντίους ἐστὶ [6.2, 98]. traduction française . cit., p. 71. La fortune étant moins élevée qu’espérée, les Athéniens soupçonnent le beau-père d’Aristophane d’avoir détourné une partie de la somme avant la confiscation civique. 25L’échange est presque identique avec Protagoras61. Il lui est alors facile de se dire inexpérimenté, et il n’y manque pas. Voir la sous-partie « La couleur trompeuse et les artifices du poikilon » (p. 465-472). ), Antiphon, op. Au lieu d’un énième lieu commun130, une telle tactique rhétorique apparaît comme le moyen, pour l’orateur, d’effacer complètement sa position d’orateur pour la faire doublement endosser par son adversaire, auteur à la fois du discours de la défense et de l’accusation. καὶ παρ ΄ ἐμοί Au contraire des plaidoiries judiciaires qui ont été examinées jusqu’à présent, Isocrate rédige de nombreux traités et discours d’apparat, qui ne relèvent pas du même genre oratoire. 27Or Socrate distingue très clairement, dans le Gorgias et le Protagoras, le dialogue philosophique et l’éloquence judiciaire. cit., p. 140 : « This expression and variations of it commonly designate objective or factual truth as opposed to conclusions drawn from arguments. τιμωρίαν. Ce sont les longs développements qui apparaissent du côté de l’explication limpide. ἀδικήματος Dans le dispositif de vérité, le thème de la fréquentation des tribunaux s’oppose à l’évidence des faits. 7.37. Dans ce cadre, les témoignages sont parfois rangés du côté de la tromperie : les dépositions peuvent apparaître comme un écran entre les juges et les événements qui se sont produits, au contraire des discours clairs et limpides. Dans le 76 En ce qui concerne l’inexpérience, l’ἀπειρία n’est pas seule considérée : les passages utilisant ἰδιώτης ont aussi été pris en compte. 19Il est à ce titre intéressant de signaler qu’une formule très similaire est utilisée un peu plus tôt par l’orateur. Elle note ainsi que les synégores mettent en avant leur connexion avec le plaignant plutôt que tout talent oratoire dans les procès privés et qu’aucune synégorie en faveur d’un accusateur dans un procès public n’est fondée sur le manque de talent du plaignant principal104. En : formes du pronom réfléchi (renvoie au sujet), βεβαιόω,ῶ 59Comme les orateurs, le Socrate de Platon se définit comme un homme qui évite les affaires judiciaires172. On se situe alors dans ce que les spécialistes depuis Platon et Aristote ont nommé l’exorde (προοίµιον)84, une adresse aux juges pour leur demander d’accueillir avec bienveillance (εὔνοια) leur discours et de ne pas se laisser convaincre par l’adversaire. 12 Sur la distinction entre ἔργον et πρᾶγµα, voir plus loin dans ce chapitre, p. 275. cit., p. 106. Il sous-entend que les témoins sont des proches de son adversaire ou des individus payés pour leur déposition. ), Démosthène. Cela me fait croire, Eschine, que tu as voulu faire une 113 Dém. L’orateur déplore même les moments où il ne peut s’épancher minutieusement sur son sujet, ainsi dans l’Archidamos, discours destiné aux Lacédémoniens : « Sur ce qui dès l’origine a été vôtre, je ne me suis pas étendu en détail (ἀκριβῶς µὲν οὐ διῆλθον). 1.117). διακείμεν ΄ Τὸ δὲ δὴ καὶ τοὺς εἶναι τὸν πολιτευόμενον ἔμπροσθε χρόνον ), Paris, De Boccard, 2011, p. 465. Les reparties de Socrate qui s’étendent sur plus de cinq ou six lignes ne sont pourtant pas rares dans les dialogues de Platon. Les exemples mythiques dans le discours politique de l’Athènes classique, Paris, Les Belles Lettres, 2001, p. 48. Toute personne honnête, ou plutôt toute personne qui veut arguer de son honnêteté, doit par conséquent éviter de fréquenter les tribunaux138. Amateur and Professional Speech in the Courtrooms of Classical Athens, Cambridge/Londres, Center for Hellenic Studies, 2009, en particulier chap. Démosthène a dit plus tôt dans le discours qu’il n’avait pas besoin de témoins au sujet des Phocidiens « car la vérité et les faits crient eux-mêmes (ἡ γὰρ ἀλήθεια καὶ τὰ πεπραγµέν’ αὐτὰ βοᾷ)22 ». καὶ τὸ τοὺς ( ...) En tout cas, si j'ai quelque expérience après avoir monté de toutes pièces une (ἡ) : la bienveillance, l'amour, la bonne disposition d'esprit συμφορῶν αἴτιος Merci, nous transmettrons rapidement votre demande à votre bibliothèque. 29.5 ; Is. Rhetoric, Justice and the Philosophic Life, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, p. 19-20) pointe une autre distinction, plus fondamentale selon lui, entre l’éloge et le blâme, source de la rhétorique, et la recherche de ce qui existe réellement, que permet la dialectique. ; je m'attaque à), ὅδε, cit., p. 309-318, et notamment p. 315. L’ensemble figure dans trente-huit cas. 112 Whitehead (éd. ῶν (οἱ) : le peuple, la masse; la majorité, ἄν : ainsi ( οὕτως ἔχω : 102 Dém. κοινοῖς ἐξεταζομένην ἐστὶ σημεῖον, μὲν εὑρήσετε cit., p. 285-307, qui détaille la présentation qu’Isocrate fait de lui-même dans plusieurs discours. 80 Josiah Ober, Mass and Elite in Democratic Athens. démocratie, γενναίος,α,ον cit., p. 170-174. Au début de chaque 100 Un seul contre-exemple existe, chez Andocide, qui rappelle à deux reprises qu’il a été mis en procès quatre fois (And. τούτους θεραπεύων Le plaignant ajoute qu’il va essayer d’exposer aussi rapidement que possible la suite des faits, alors qu’ils concernent le cœur de l’affaire : le poison est versé par la compagne dans les coupes bues après le repas. 97 Voir Esch. (μηδέ ) : et ne pas; ne pas même; ne pas αὐτοὺς καὶ ποιήσασθαι ... οὔτε (μήτε... μήτε S’il ne se prive pas de recourir à la brièveté de parole, l’orateur vante fréquemment, aussi, les développements approfondis. 6 Barbara Cassin, « Procédures sophistiques pour construire l’évidence », dans Carlos Lévy, Laurent Pernot (dir. ? Tout maraud qu’il est, il ne s’exposera pas d’aujourd’hui à se faire rosser une seconde fois. Le discours commence ainsi : C’est un grand souci pour moi, juges, que le présent procès : je me dis que si, aujourd’hui, je ne soutiens pas ma cause avec succès, je serai regardé comme un criminel – et non pas seulement moi, mais mon père – et que je serai privé de toute ma fortune. Est-ce ce que tu l'as fait, toi aussi ? αὐτοὺς καὶ La distinction entre les orateurs éduqués pour les procès et les orateurs philosophes ne convainc pas. Le mot est précisément celui qu’utilisent les plaignants pour se décrire. πάντ ΄ ἐρεῖ · ὁ [5.46]. 111 Il cherche alors à montrer la différence entre les procès privés, auxquels il convient de ne pas participer, et les procès publics, qui permettent de défendre la cité et auxquels il s’est donc largement adonné. ἔμπροσθε χρόνον en particulier, à titre privé, pour mes 46.17). 92 Din. Discours, III, Paris, Les Belles Lettres, 1966 [1942], p. 112, n. 1 ; Navarre, Orsini (éd. ῆς (ἡ) : l'âme, l'état d'esprit (acc Comme le résume François Hartog, si l’évidence des philosophes comme Aristote ou Cicéron est liée à la vue, « il en va bien autrement de l’évidence des orateurs. cit., p. 89. ), Démosthène. 189 Carter, The Quiet Athenian, op. : un danger est couru …), πρός Il n’est effectivement pas difficile de percevoir la mauvaise foi qui prévaut, par exemple, dans l’argument des orateurs selon lequel ils n’ont aucune aptitude à parler. 282 Ἆρ En effet, dans le Gorgias, il considère que son interlocuteur Polos parle trop et l’interrompt quand celui-ci a énoncé quatre phrases, à savoir six lignes72. 67 De même dans l’Euthyphron, Socrate reproche au personnage éponyme de ne pas avoir parlé aussi brièvement qu’il l’aurait pu, ce qu’il interprète comme le fait de ne pas avoir cherché à l’« instruire » (Platon, Euthyphron, 14b8-c1). ἔμοιγε δοκεῖς Cette exception confirme finalement le cadre général dégagé dans ce chapitre : le genre épidictique est moins soumis à la recherche de l’adhésion d’autrui que les genres judiciaire et délibératif, dans lesquels il s’agit du principal enjeu. 22.4. 28 Voir, par exemple, l’expression αὐτοῖς τοῖς ἔργοις καὶ τῇ ἀληθείᾳ τῶν πραγµάτων dans Ant. L’évidence des faits”. 149 Dém. Dans Lysias, Pour Phérénicos (Fragments, XXIV), fr. cit., p. 53) est éclairant : « In each case a sykophant appears onstage, is mocked, and is then expelled from the stage. : entier, tout entier; le plus grand; le plus important (à ), Démosthène: Contre Aphobos I et II. Οὐ γὰρ αὐτῇ τῇ πόλει, καὶ cité, tableaux p. 104-106. 51L’orateur se répète dans le troisième discours Contre Aphobos, alors que l’affaire a connu des rebondissements : Démosthène doit défendre un de ses témoins, Phanos, qu’Aphobos a accusé de faux témoignage (δίκη ψευδοµαρτυρίων*). Il s’agit, pour les plaignants, de laisser penser aux spectateurs qu’ils ne cachent rien dans les détours d’une argumentation longue et compliquée. Ils passent par une citation de l’Électre de Sophocle (v. 624) qui va dans le même sens. τῇ πατρίδι, καὶ Les marques de réflexivité ne concernent pas seulement l’énonciation des orateurs mais également leur personne. cit., p. 23-33) place la méfiance envers les orateurs dans la partie « Elements common to oratory and comedy » (voir en particulier p. 25-28). 104 Voir respectivement Rubinstein, Litigation and Cooperation, op. tourne contre tout citoyen qui l'a offensé ou n'a pas l'heur Ceux qui au contraire s’appuient sur la justice pour le jugement (τῶν δὲ δικαίως τὰς κρίσεις ἐνισταµένων), et qui dénoncent sur preuves les misérables voués aux malédictions, ont une attitude toute contraire, qui est la mienne134. La portée de ce terme est éminemment négative, comme le note Victor ­Ehrenberg, « Polypragmosyne: A Study in Greek Politics », Journal of Hellenic Studies, 67, 1947, p. 58. Prenez-moi, pour que je ne voie pas la chute des faibles, l'apostasie des lâches, la crainte d'un tyran dispersant mon troupeau, et ces faux amis qui cachent sous un visage riant une haine mortelle, ces faux amis qui s'enfuient et nous délaissent au jour du malheur; épargnez-moi le spectacle du triomphe insultant des ennemis du nom chrétien, et de leurs cruautés contre l'Église. τῆς φωνῆς, ἀλλὰ 2 Voir Florence Gherchanoc, « La beauté dévoilée de Phryné. 16 Voir Ant. Et ce que l’argumentation n’avait pas obtenu, le geste l’emporta5.